28 Son argentinas, las Islas Malvinas ?
- dessaintjoel
- 2 juin 2019
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 avr. 2023
Un peu partout en Argentine, il est question des îles Malouines, souvent sous forme d’un panneau routier figurant une carte de ces îles accompagnée du slogan « las Islas Malvinas son argentinas ». et parfois de la distance (plusieurs centaines de kms) séparant les îles du panneau. Sur les cartes géographiques, l’indication « arg. » est systématiquement portée non seulement sur les îles Malouines mais aussi sur les autres îles britanniques de l’Atlantique Sud et sur le secteur britannique de l’Antarctique (également revendiqué par le Chili).

Sur le billet de 50 pesos, la carte des îles malouines mais aussi (en bas à droite) le secteur revendiqué de l'Antarctique et le rappel (en haut) : les îles Malouines, la Géorgie du sud, les Sandwichs du sud
et les espaces maritimes qui les entourent sont le sol le plus chéri de la patrie !
Il ne s'agit pas du seul conflit frontalier de l'Argentine : des tensions réapparaissent périodiquement avec la Chili à propos de la Terre de Feu ; ainsi, trois îlots inhabités, situés à l'embouchure du canal de Beagle sur l'Atlantique, ont failli occasionner un conflit armé au début des années 1980, évité grâce à un arbitrage du Vatican (favorable au Chili).Mais la question des Malouines est de loin la plus importante et constitue un cas d'école de droit international.

Les îles Falkland ou Malvinas, situées à 460 kms des côtes argentines et environ 1000 kms de l’Antarctique, sont un archipel de deux îles principales et plusieurs centaines d’îlots, d’une superficie totale de 12 000 km², (soit une fois et demi la Corse ou la moitié de la Sardaigne). Elles ont été abordées par les navigateurs depuis le 16eme siècle, d’abord espagnols, puis anglais – qui les baptisent Falkland du nom du premier lord de l’Amirauté en 1690- puis français, qui les baptisent Malouines.
Le climat n’étant guère hospitalier et les seuls habitants étant des pingouins, personne ne s’y attarde mais la souveraineté est tout de même disputée entre les trois pays car on s’aperçoit progressivement de leur intérêt en tant qu’escale dans l’Atlantique Sud. Bougainville y amène quelques colons en 1764, chassés par les Espagnols en 1767.
Finalement, la France renonce à toute prétention et les accrochages fréquents entre navires espagnols et anglais cessent après un accord passé en 1790 qui autorise tout le monde à pêcher mais laisse indécise la question de la souveraineté sur les îles à nouveau inhabitées.

En 1820, le gouvernement des Provinces unies du Rio de la Plata (une des entités qui formeront ensuite l’Argentine) prend possession des îles en vertu de la « loi naturelle », c’est-à-dire du fait que les territoires espagnols doivent naturellement revenir aux Etats indépendants issus de l’empire espagnol. A cette époque, les îles sont devenues intéressantes surtout pour la chasse à la baleine et aux phoques. Le gouvernement britannique ne reconnaît pas cette prise de possession effectuée par un américain au service de Buenos Aires, qui reste peu de temps sur place.
En 1823, le gouvernement des Provinces Unies accorde à Luis Vernet, un homme d’affaires de Buenos Aires, une concession sur une partie des îles. Luis Vernet demande au consul britannique à Buenos aires la permission de s’installer sur place et la protection militaire britannique en cas de besoin Le Royaume Uni accepte mais proteste contre la nomination en 1829 par Buenos Aires de Luis Vernet comme gouverneur des îles et réaffirme sa souveraineté.
En 1833, à la suite de la saisie de navires britanniques et américains par Luis Vernet et à un raid américain qui avait détruit l’essentiel de la colonie, des navires britanniques reprennent possession des îles en y hissant leur drapeau à la place de celui de l'Argentine, qui ne résiste pas[1] mais proteste. La colonie de Luis Vernet est maintenue mais celui-ci fait faillite quelques années plus tard et des éleveurs écossais de …moutons viennent progressivement s’installer.
Falkland ou Malouines, les îles sont ensuite largement oubliées, l’Argentine rappelant cependant régulièrement à l’ONU depuis 1945 sa revendication de souveraineté. En 1982, le général Galtieri, troisième chef successif de la dictature militaire instaurée en 1976, ne sait plus comment venir à bout de l’opposition et des difficultés économiques ; il a alors l’idée lumineuse d’envahir les Malouines, où un corps expéditionnaire débarque le 2 avril, en comptant sur la bienveillance des Etats Unis dont l’Argentine est le fidèle allié. Dans un premier temps, cette opération soulève en effet l’enthousiasme en Argentine.
Les 3000 habitants des îles ont, d’après les photos, reconstitué soigneusement un coin d’Angleterre avec ses pubs et ses bobbies ; le gouverneur, représentant de sa gracieuse majesté, préside un parlement de huit membres. Les habitants parlent anglais, utilisant la livre sterling et n’ont évidemment aucune envie de devenir argentins.
Les troupes argentines, bien qu’équipées du meilleur matériel militaire français et très supérieures en nombre, capitulent le 14 juin 1982 devant l’escadre envoyée à gros frais par Margaret Thatcher, elle aussi en quête d’un regain de popularité. Plus tard, des soldats argentins raconteront comment leurs officiers se sont enfuis à l’arrivée des troupes britanniques. Cette guerre de quelques semaines a fait 900 morts, argentins pour plus des deux tiers.

La dictature militaire ne survit pas à la défaite et prend fin en 1983. Cette heureuse conséquence ne semble cependant toujours pas être considérée en Argentine comme ayant un rapport avec la guerre.
A la sortie de l’aéroport d’Ushuaia (officiellement appelé Aeropuerto Ushuaia Malvinas argentinas), un grand panneau proclame fièrement : « Ushuaia, capital de las Islas Malvinas ». A l’intérieur de l’aéroport, sur les murs, l’entreprise London Airport Supply informe qu’elle est fière d’assurer l’exploitation de l’aéroport d’Ushuaia…
[1] Les troupes argentines sont composées pour l’essentiel de mercenaires britanniques qui refusent de se battre contre leurs compatriotes.
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