15 Lacs et volcans
- dessaintjoel
- 15 avr. 2019
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 avr. 2023
La vie quotidienne au Chili est peu différente de celle de l’Argentine : les mêmes constats valent pour les distances (un peu moins), les gilets jaunes[1], les chiens et les taupes. Mais les piétons peuvent généralement traverser dans les passages réservés à cet effet.
Pour la nourriture, les portions sont un peu moins généreuses (à l’exception des glaces), le choix de bières moins grand et, côté vins, le carménère est une grande découverte, d’autant qu’il a pratiquement disparu en France. Bien entendu, avec plus de 6000 kms de côtes, le poisson et les fruits de mer tiennent bien plus de place qu’en Argentine et la viande beaucoup moins.

La principale différence porte sur l’argent : il est beaucoup plus facile de changer des euros car il y a des bureaux de change un peu partout et sans aucune formalité (en Argentine, il faut montrer son passeport et remplir un long formulaire) mais le taux varie fortement d’un endroit à l’autre ; à Santiago, il est curieusement meilleur que le taux du marché que l’on peut consulter sur internet.
Comme en Argentine, on peut tout payer par carte en précisant si carte est debito ou credito : si elle est credito, on peut choisir de payer par mensualités (c’est évidemment plus cher). Ainsi vous pouvez payer par mensualités votre plein d’essence, votre note de restaurant, vos courses au supermarché et bien sûr vos dents.

L’inflation est bien inférieure à celle de l’Argentine et le peso chilien est donc plus stable que le peso argentin. Toutefois, le taux de change (730 à 760 pesos pour 1€) oblige à des calculs pénibles, même en arrondissant à 750. Il faut s’habituer à des chiffres astronomiques qui nous rappellent les anciens francs de notre enfance.
Enfin, ll et y se prononcent à nouveau y et non plus ch. Et puis, quel plaisir de s'entendre appeler "Don Yoel" ou "caballero" ! Cela m'a donné envie de m'acheter un chapeau. Il est de la marque "Pasion por los sombreros".

Puerto Varas, au bord du lac Llanquihue (profondeur en langue mapuche), est dominé par les volcans Osorno (2852 m)

et Calbuco (2015m), la dernière éruption de celui-ci remonte à 2015 seulement.

Le Chili est sur la zone où la plaque pacifique de Nazca se glisse sous la plaque sud-américaine, d’où la formation de la cordillère et une activité volcanique intense (2000 volcans dont 100 actifs). La région des lacs, où l'on arrive en venant de Bariloche est particulièrement riche en volcans.
Tout près de Puerto Varas, on peut aussi voir les Saltos de Petrohue, très bel ensemble de cascades issues du lac Todos los santos.



Un peu plus au nord, sur la côte, Valdivia, du nom du premier gouverneur espagnol du Chili, a été victime en 1960 du plus fort tremblement de terre jamais enregistré. Elle a aussi joué un grand rôle dans la guerre d’indépendance : il s’agissait de la plus importante place forte d’Amérique du sud, la baie étant défendue par une dizaine de forts.

C’est là que s’est illustré lord Thomas Cochrane, un Ecossais devenu l’un des plus grands héros du Chili (Pablo Neruda était l’un de ses admirateurs). Chassé de la Royal Navy pour une affaire de fraude dont il sera plus tard innocenté, le gouvernement chilien l’engage contre l’armée espagnole. Il s’empare des forts de Valdivia par la terre en quelques heures le 4 février 1820, mettant pratiquement fin à la guerre d’indépendance[1].

Il organise ensuite la marine chilienne, puis quitte le Chili pour aller aider les Brésiliens à conquérir leur indépendance, puis les Grecs. Réintégré ensuite dans la Royal Navy, il meurt en 1860 et est enterré à l’abbaye de Westminster. Un des rares exemples (avec Lafayette) de héros national étranger.
A une quarantaine de kilomètres (de piste), on peut visiter le parc Oncol : son accès est difficile, d’autant que nous avons failli tomber en panne d’essence, ce qui nous a obligé à rebrousser chemin et à revenir et a aussi causé une certaine tension intraconjugale.
La végétation donne une impression de forêt vierge très spectaculaire, d’autant que l’on entend les oiseaux crier mais qu’on ne les voit pas.
Plus à l’est, au bord du lac de Villarica, les petites villes de Villarica et Pucon sont des lieux de villégiature bondés en été mais assez tranquilles à présent.
Pucon est dominé par le volcan Villarica (2850 m), dont la dernière éruption date de 2015 et d’où s’échappent des fumerolles en permanence.

Sans l’escalader, nous nous contentons d’une belle randonnée sur ses pentes, qui permet de voir les champs de lave, les curieuses cavernes créées par les bulles de gaz d’une éruption


et de superbes panoramas sur les lacs et sur le volcan Llaima, situé à une trentaine de km plus au nord.


Une autre randonnée nous mène jusqu’au volcan Lanin, côté chilien (il est sur la frontière) en passant par de jolis petits lac cachés.

L'araucaria, conifère aussi appelé "désespoir du singe" peut vivre plus de 1000 ans. C'est l'arbre national du Chili, très répandu dans cette région, qui très logiquement s'appelle l’Araucanie.
Antoine de Tounens, avoué à Périgueux, que nous avons rencontré plus haut, s’était d’abord proclamé roi d’Araucanie, avec un certain succès auprès des Mapuches, avant d’étendre son royaume à la Patagonie, au motif que quelques Indiens rencontrés de l’autre côté de la cordillère, étaient d’accord.
Comme déjà indiqué, cette partie du Chili est depuis longtemps une zone d'immigration germanique.


La région des lacs et l’Araucanie étaient –et sont encore- des zones de peuplement mapuche. Les Mapuches ont réussi à repousser les Incas, puis les Espagnols et même à s’emparer de Valdivia
A l’indépendance, au début du 19e siècle, le Chili était beaucoup moins étendu que maintenant : au nord, il s’arrêtait à Antofagasta et au sud à la rivière joliment appelée Bio Bio, à environ 500 kms de Santiago : plus au sud s’étendait le territoire mapuche. Ceux-ci ont finalement été vaincus vers 1880 (opération dite de pacification de l'Araucanie) mais un mouvement autonomiste existe toujours.
Aujourd’hui, les Mapuches représentent encore au moins 1 M de personnes et à l’aéroport de Temuco, capitale de l’Araucanie, les inscriptions sont en espagnol, en anglais et en langue mapuche. Langue merveilleuse où homme se dit "wentru", femme "zomo" et toilettes "tripatripa" !
2] A l’exception de Chiloe, comme indiqué plus haut
[1] Un gilet jaune chilien m’a aimablement précisé, un dimanche, que le stationnement était gratuit puisque c’était dimanche et qu’il suffisait donc de lui laisser un pourboire.
Comentarios