30 Donde estan ?
- dessaintjoel
- 2 juin 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 avr. 2023
La création à la fin du 19e siècle d’une armée nationale est un élément très important de la construction de l’Etat argentin. Cela explique peut-être en partie pourquoi les chefs de l’armée interviennent ensuite fréquemment dans la vie politique pour se substituer aux gouvernements qui ne correspondent pas à leurs idées. Il y a ainsi des coups d’Etat en 1930,1943,1955,1962 et 1966. Mais la dictature instaurée en 1976 a été la période la plus noire de l'histoire récente du pays.

Après avoir participé au coup d'Etat de 1943, Juan Peron a été élu président en 1946 ; sa femme Eva Duarte (Evita) joue un rôle important pendant sa présidence ; morte à 33 ans d'une leucémie en 1952, elle est encore aujourd'hui vénérée comme une sainte par une partie de la population.

Chassé à son tour par un coup d’Etat en 1955, Juan Peron revient en Argentine en 1973, est réélu président mais meurt en 1974 ; son épouse Isabel, élue vice-présidente avec lui, lui succède ; les groupes d’extrême gauche et d’extrême droite, se réclamant les uns et les autres du péronisme, s’opposent violemment, ce qui montre que le péronisme est une doctrine ....ambigüe. Isabel Peron autorise l’armée à organiser une lutte contre la « subversion » dans l'ouest du pays, pendant laquelle commencent les disparitions de militants d’extrême gauche ; Isabel Peron est cependant renversée par un coup d’Etat en 1976 et placée en résidence surveillée (elle vit aujourd'hui en Espagne).
La dictature qui s’ensuit jusqu’en 1983 se donne le nom de « processus de réorganisation nationale » et l’objectif d’éliminer la subversion, bien que les groupes armés d’extrême gauche aient disparu dès 1975 ; cette période est à présent appelée « terrorisme d’Etat ».


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En 1984, après le retour à la démocratie et l'élection de Raul Alfonsin, la commission formée pour enquêter en quelques mois sur les disparitions en recense 9000, qui ont fait suite à des détentions dans 380 centres clandestins.


Cependant, le chiffre de 30 000 personnes reste fréquemment avancé par les associations de défense des droits de l’homme, notamment les mères de la place de Mai qui ont commencé à défiler devant la présidence dès 1977 (elles étaient surnommées "les folles de la place de Mai" par le gouvernement).

Aujourd’hui encore, tout ce que l’on sait dans la grande majorité des cas est que ces personnes ont « disparu » après avoir été arrêtées, très peu de corps ayant été retrouvés. C’est pourquoi la question « Donde Estan ? » (où sont ils ?) est inlassablement posée.
De plus environ 500 bébés, nés pendant la détention de leur mère ensuite « disparue», ont été confiés à des familles favorables à la dictature et sont devenus officiellement leurs enfants. Les mères de la place de Mai, devenues les grands mères de la place de Mai continuent à rechercher ces enfants et en retrouvent encore aujourd’hui..

Les principaux chefs de la dictature sont jugés et condamnés en 1985 mais devant les menaces de nouveau coup d’Etat, des lois sont votées dès 1985 pour empêcher de nouvelles poursuites. En 1989, le président Carlos Menem décide une amnistie générale qui efface toutes les condamnations. Cependant, des procès ont lieu dans plusieurs pays européens, y compris la France, pour juger par contumace les responsables des disparitions de ressortissants de ces pays. En 2005 puis 2009, sous la présidence de Nestor Kirchner, les lois de 1985 et l'amnistie de 1989 sont déclarées inconstitutionnelles et les poursuites peuvent reprendre ; plusieurs procès ont eu lieu depuis, notamment à Cordoba Le premier chef de la junte, le général Videla, condamné à perpétuité en 1985 puis amnistié a été remis en prison en 2008. Il y est mort en 2013, à 87 ans, sans avoir jamais renié ses actes.
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